Yvan TONQUEDEC

J ai demandé à Gwenn si je pouvais dire un petit mot sur Yvan.
Je ne vous parlerai ni de son caractère ni de sa diplomatie légendaire.
Quel souvenir je pourrai garder de mon grand frère.
Quand je suis allé à l auberge la dernière fois j ai eu envie de citer ce grand philosophe "Jamel Debouze" qui disait souvent "mais dis moi pas qu c'est pas vrai"

Je connaissais les passions de mon grand frère, comme les chevaux, l informatique ou dernièrement les abeilles.

Mais j étais loin d imaginer son côté collectionneur.
Collectionneur de bouchon de liège,
Collectionneur de karcher,
Collectionneur de visseuse sur batterie ou de boîtes en plastique en tout genre 🤔

Mais ce n est pas ce souvenir là que je garderai de lui.

Je me souviendrai plutôt des parties de foot à la maison quand il passait de temps en temps.
Je me souviendrai également d avoir appris à me servir d une carabine grâce à lui pour tirer sur les oiseaux, ou sur les ampoules de noël dans le bourg de st Christophe plus tard.

Je me souviendrai aussi que c est encore mon grand frère
qui m a permis de m acheter ma première petite moto après avoir travaillé 2 étés avec Paule et lui.

Je me souviendrai enfin que c est lui qui m a libéré de vieux 2 démons que ma sœur Véronique m avait transmis.
A savoir La lumière allumée pour dormir et la porte ouverte.
Un soir que je dormais à Mouchamps il a su me dire avec ces mots doux et plein de bienveillance "merde t es plus un gosse maintenant, alors tu vas m éteindre cette lumière et fermer cette porte "
Depuis la porte de ma chambre est toujours fermée et la lumière éteinte.

Pour finir, j ai eu la chance d aller le voir il y a peu de temps.
Le dernier souvenir que je garderai de mon grand frère c est de le voir en train de prendre son café en se grattant les coucouniettes par dessous sa tunique et en même temps en me proposant des gâteaux.

Yvan

Le 15 février 1955, tu naissais plein de cheveux et déjà avec 2 dents, selon les dires de maman, donc déjà un original, et aujourd’hui tu t’en vas, toujours avec les dents, mais sans les cheveux. Une enfance en gendarmerie mobile, avec un papa souvent absent, et une maman qui te courrait après avec son balai !!! car tu faisais des bêtises plus ou moins importantes, (feu au sommier, kiosque de la fleuriste, statue du stade, bataillon d’œufs fracassés sur les murs du resto de ton patron, mais la meilleure c’est quand même pendant ton apprentissage de boucher où tu as voulu essayer la voiture de ton
patron, tu l’as cassée en faisant tomber la cuve à fioul pleine dessus!!!! mais ni vu ni connu, rien ne t’arrête, tu as réussi à tout remettre en place cuve comprise, avec ta force quasi surhumaine, car en fait, tout le monde sait que tu étais la réincarnation de HULK mais sans la couleur verte, par contre en parlant de couleur, il t’arrivait de vite devenir rouge de colère car ton caractère, il faut bien le reconnaître, était de merde quelquefois !!!!
Votre travail de restaurateurs, que vous avez toujours fait avec
passion, Paule et toi, vous mettait en marge de vos amis, de la
famille, car vous travailliez souvent quand tout le monde se reposait ou faisait la fête, vous, vous étiez au boulot !!
Depuis tout petit, Ta tête et ton corps ont toujours été empreints de la Bretagne, où tu passais tes vacances chez Mamie et Pépère avec les cousins, et adulte, la moindre occasion était bonne pour y retourner avec Paule et je t’ai toujours connu revendiquer tes origines bretonnes haut et fort !!!!
Quelqu’un nous a dit samedi que le souvenir qu’il garderait de toi était un menhir massif au crâne rasé et à la bonhommie rayonnante, je trouve cette comparaison bien ressemblante.
Maintenant tu vas manquer à tout le monde et à la Bretagne aussi, je ne sais pas où tu vas, mais s’il te plait, essaie de pas trop mettre le bazar dans ton nouveau chez toi avec tes supers bons jeux de mots (qui vont nous manquer aussi) ça ferait désordre.
On t aime.

Yvan,
Dans ta vie, tout ne s’est pas passé comme tu l’avais prédit ou
voulu. Par contre, tu m’as toujours dit : « je veux être incinéré et
avoir de la musique celtique, comme Amazing Grace ».

Quelle drôle d’idée d’être brulé et de partir en cendres.
Les cendres… C’est ce qu’il reste quand tout a brûlé. Ce qu’on
garde au fond du cœur, quand la chaleur est devenue souvenir.

Je garde de toi tes bons mots, que même les docteurs ont
retenu de toi ces dernières semaines.
Tu as toujours brûlé de passion, notamment dans tes colères, où
tu revendiquais volontiers le titre de « gros con ».
Tu as brûlé les étapes amoureuses en te mariant avec Paule.
Gamin, tu sautais sur ses genoux pendant tes vacances au bar de Saint Christophe du Ligneron.
Tu t’es brûlé les doigts mille fois depuis ton apprentissage
jusque dans les cuisines de l’auberge du parc, où les magrets
fumaient dans la cheminée.
Tu as brûlé la chandelle par les deux bouts, en ne comptant
jamais les bougies de ton compte. Chez toi, la chandelle était
d’ailleurs souvent un feu de joie.
Par contre, tu n’as pas laissé tes apprentis se brûler les ailes
avec tes coups de spatule en inox sur les fesses. Tu serais très
fier de voir ce qu’ils sont devenus.

Tu laisses derrière toi de jolies petites flammes avec tes
enfants, tes petits enfants et ton arrière petit-fils. Ils t’ont veillé
ces derniers jours pour te dire qu’ils t’aiment, toi qui avais
toujours l’impression d’être un mal aimé.

Yvan, tu laisses également derrière toi, Paule. Parfois, ça
fumait entre vous deux dans la cuisine. Il y avait des étincelles !
Mais au fond, ça brulait d’amour à votre manière . Quand je
suis venue te voir il y a une semaine, tu me disais que tu étais
rassuré de la savoir entre de bonnes mains. Elle est sereine et
elle a pu venir te voir deux fois au funérarium.

Yvan, pour finir, tu disposais aussi d’une grande culture.
J’ai deux citations.
La première est de Georges Wolinski : « Tu balanceras mes
cendres aux chiottes, comme ça, à chaque fois que tu t’assoiras
sur ma tombe, je verrain ton cul ». C’est une citation que tu
aurais pu dire avec ta gouaille.
La deuxième citation est de Cicéron et je la préfère : « la vie des
morts consiste à survivre dans l’esprit des vivants ». Que tes
cendres deviennent alors des poussières d’étoile, qui brillent
avec toutes nos étoiles qui sont déjà au ciel : papy Guy, mamie
Paulette, ton petit Gwenaël et toutes les autres étoiles.

Papa, j’ étais loin d’ imaginer, il y a 15 jours que c’ était la
dernière fois qu’ on te voyait. J’ ai bien vu tes yeux de chiens
battus quand on t’a dit au revoir, je t’ ai dit que je reviendrai
te voir, vite…

Mais je ne pensais pas revenir te voir aussi rapidement… tu
ne m’as rien fait voir, ou je n’ai pas voulu comprendre. 

Tu savais que maman était en sécurité, qu’ avec Babeth, on
gérait la maison, que tout était à peu près sous contrôle et tu
as lâché prise, ton corps a lâché, ton cœur s’ est arrêté. 

Tu as eu une vie bien remplie avec tes parents, tes frères et
sœurs, des souvenirs plein la tête de vos vacances en
Bretagne dans la maison familiale de St Benoit des ondes où
nous retournerons tous prochainement déposer tes cendres,
sur la Grève. Le surlendemain du mariage d’ Erwan et Eden,
tu nous as dit « c’ est là tu vois que je veux que mes cendres
soient dispersées sur la Grève, tu vois là, pas là bas, ici… »
Tu avais tout imaginé, déjà pensé, tu avais prévenu tous tes
proches et tes amis que tu vivrais jusqu’à 70 ans et pas plus,
car les hommes chez les Tonquédec ne vivent pas vieux! Quel
contrôle, jusqu’au bout… 

Et puis avec ta famille, tu venais souvent en Vendée voir Dédé
et Thérèse, le frère de mamie. C’ est là où tu as rencontré maman au bar de Saint Christophe du Ligneron, tu étais
encore un jeune enfant. Et puis les années sont passées et
vous êtes tombés amoureux, s’ en est suivi une vraie
aventure, toujours dans les cartons: tu es devenu pizzaiolo à
Pithiviers, puis vous êtes revenus dans l’ ouest, faire des
saisons à Pornichet, Notre Dame de Mont, il y a eu le
bar de Venansault, et puis l’ Hôtel de Voyageurs à
Mouchamps, le Moulin de la rivière à l’ Oie.
Et puis un jour, vous avez acheté l’ Auberge du Parc, mon
rêve, notre rêve avec maman. Je me rappelle encore des
trajets entre le Moulin et la maison du lieu dit chateaubriand,
nous passions à St Vincent STERLANGES et je disais à maman,
ce serait tellement bien si un jour on habitait là. Et puis ont
suivi 14 ans d’ activité intense entre les menus du midi, les
services du soir, la piscine et le bar, l’ été. Les apprentis en
gardent un bon souvenir, je sais que tu gardais contact avec
eux et que tu es fier d’ eux. Ils sont venus te voir au
funérarium, ils savent dire que tu étais un patron exigeant
mais juste! Ta cuisine ils ne l’ oublient pas, ils la font vivre. 

Ta grande fierté c’ était tes petits enfants et de ton arrière
petits fils Luka. 
Tu es le premier à rejoindre tes parents, ton fils Gwenaël, et
toutes nos étoiles. 🌟
Embrasse les de notre part.

Tonton Yvan, je t'écris ce petit mot pour te dire que tu vas me manquer. mais je sais aussi que tu a fini de souffrir.
je me souviens quand j'étais une enfant et ado, je disais que je voulais être cuisinière comme mon tonton. et c'est ce que j'ai fait pendant 6 ans
je t'aime fort et tu resteras dans mon coeur pour toujours